Chasse à la bécassine dans le marais breton
Situé sur les départements de Loire-Atlantique et de Vendée, le Marais breton est surtout constitué de prairies, utilisées pour le pâturage et la fenaison. Ces parcelles sont délimitées par des fossés que bordent des roseaux et quelques rares saules ou tamaris. Des mares servant d’abreuvoir sont creusées au milieu des prés. Le sol argileux, sous une couche de terre végétale, permet une progression aisée, sans pièges, excepté des trous de ragondins. Le seul danger est de traverser les dépôts laissés par les pelles mécaniques qui curent les étiers et étalent les vases. Plusieurs invités, écartés du chemin que j’empruntais, y ont laissé une botte qu’il fallait ensuite récupérer !
En début de saison, les bécassines se tiennent au bord des mares et le long des fossés dont les rives en pente douce leur permettent de trouver des proies et d’accéder à l’eau. Peu de chasses sont aménagées et le chasseur est tributaire des vannes célestes. Si les pluies d’automne sont généreuses, les bécassines stationnent dans les « loires », dépressions de terrain plus humides. Pour le spécialiste, toutes ne se valent pas et si on ne trouve aucun long bec dans les meilleures d’entre elles, il n’y a plus qu’à rentrer. Impossible d’espérer une sourde pour éviter la bredouille : l’espèce ne fréquente guère ce biotope. La végétation trop rase et la nature du sol ne lui conviennent pas. Il m’arrive d’en lever de temps à autre, même en chassant sans chien. Mais je peux compter sur les doigts d’une main les bécots que je prélève chaque année. Je n’ai jamais vu de double.
L’hiver, les oiselles se cantonnent dans des secteurs qui ressemblent aux autres à s’y méprendre. Il faut les connaître pour réussir des approches. Les oiseaux voient venir le nemrod de loin, mais comme peu de passionnés arpentent ces lieux, cela permet à la gent ailée d’être plus confiante et de laisser, parfois, le chasseur approcher à portée. Certaines zones de prairies qui accueillent des ragondins (ceux-ci grattent le substrat et arrachent la végétation) attirent fortement nos oiseaux préférés.
Comme partout, il y a des jours avec et des jours sans. Parfois, et je ne peux en expliquer la raison, un secteur, excellent une année, sera médiocre l’année suivante, sans que je note une différence du niveau d’eau ou de végétation. Chaque année, il faut « prospecter » (c’est aussi ça, la chasse) pour trouver les meilleurs coins qui fluctuent avec la météo. Je ne visite les « bons » endroits que deux fois par semaine, pour éviter de faire fuir les cantonnées et je cherche de nouveaux secteurs les autres jours, quand je peux chasser.
Peu de chasseurs locaux sont des coureurs de marais. Ils se contentent des passées du soir, surtout à l’ouverture du canard. Ensuite, seuls quelques mordus fréquentent ces territoires. La pression de chasse est si faible que je suis presque assuré de retrouver dans son cantonnement un oiseau que j’ai raté précédemment. J’ai plusieurs histoires d’oiselles tuées à la deuxième rencontre, ou plus. Si ce n’est pas le même oiseau, c’est donc son frère… ou sa sœur ! Et comme je pressens la présence de l’oiseau, je suis encore plus attentif et persévérant.
Le meilleur mois pour les bécassines est celui de novembre. Mais elles sont déjà très présentes à partir d’octobre et peuvent faire l’objet d’une chasse spécifique. En décembre, janvier, les conditions météorologiques sont déterminantes pour assurer une bonne fréquentation. Le 25 décembre 1996, j’ai prélevé une bécassine baguée (cadeau de Noël très apprécié) ; cette année, mon fils a eu le même bonheur pour sa douzième gallinago et son premier permis ! Lors du Congrès de Saint-Jean de Monts, en 2005 (Chasseur de Bécassines n°83), Pascal Bonnin, technicien chargé des reprises de bagues à la FDC 85, avait exposé la provenance des oiseaux hivernant en Vendée. Il a gentiment accepté de faire la mise à jour pour ceux provenant du Marais breton. De 1982 à 2006, 24 bécassines y ont été reprises. Les pays « bagueurs » sont : la France (7) dont 6 baguées localement, l’Allemagne (6), la Pologne (3), la Tchécoslovaquie (2), la Finlande (2) ; enfin, avec une seule donnée : la Lituanie, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse.
Alain Bourasseau Délégué CICB pour la Vendée
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